A revista Recherches en Communication, da Universidade Católica de Louvain (Bélgica), recebe até o dia 15 de janeiro de 2020 contribuições para um número dedicado ao tema “Visibilidades digitais do religioso”. O dossiê será coordenado pelos professores Andrea Catellani (UCLouvain), David Douyère (Université de Tours) e Olivier Servais (UCLouvain). Os textos deverão ser em inglês ou francês. Confira abaixo mais detalhes sobre a chamada:
Dossier coordonné par Andrea Catellani (UCLouvain), David Douyère (Université de Tours), Olivier Servais (UCLouvain).
Le procédé religieux utilise toute forme matérielle pour communiquer la présence d’entités absentes ou transcendantes et permettre d’entrer en relation avec elles, et d’organiser le régime d’action qui découle de cette relation. Avec l’informatisation de la société et le développement des échanges par la voie numérique[1], il mobilise également des signes de sa dynamique propre sur les réseaux. Le présent dossier vise donc à investiguer les formes d’expression et de mise en visibilité digitales du religieux et les raisons de son expansion numérique.
Ces formes de mise en visibilité peuvent être opérées par des dévots (Favret-Saada, 2017), des activistes ou mises en place par des institutions et des mouvements religieux de types différents. On s’intéressera à la fois aux discours, aux images, aux dispositifs numériques et aux ergonomies développant le service religieux proposé, mais aussi aux contextes économiques et socio-politiques qui peuvent motiver, expliquer ou fonder ces communications, toujours dans le cadre d’une vision centrée sur l’information et la communication. On s’intéressera aussi enfin aux pratiques (Jonveaux, Duteil-Ogata, à paraître) de production et de mobilisation de ces dispositifs, ainsi qu’à leurs théorisations.
Cet espace de présentation de travaux de recherche s’inscrit à la fois dans la perspective des Digital Religion Studies anglophones et allemandes (Online – Heidelberg Journal of Religions on the Internet), et s’appuie sur les prémices de recherche francophones dans le domaine en vue de les renouveler d’une profondeur anthropologique et d’une mise en perspective politique, afin de mieux saisir les perspectives communicationnelles de ces dispositifs. Les organisations religieuses ne communiquent pas en ligne sans raison : il y a celle qu’elles se donnent, et celles qu’elles opèrent.
En effet si le religieux[2] constitue en soi une forme de communication (par le langage, oral ou écrit, les mouvements du corps, des images, des signes matériels visibles et des rites) qui vise à produire un échange relationnel avec différents types d’êtres et diffuser un sens, le questionnement sur la visibilité digitale du religieux peut s’énoncer sous la forme d’une triple interrogation : qu’est-ce que le religieux fait avec le numérique connecté, et que fait-il en retour au numérique connecté ? qu’est-ce que le numérique connecté fait au religieux ? Comment les formes religieuses réapparaissent-elles dans les espaces numériques ? Comment les pratiques religieuses se trouvent-elles affectées, si elles le sont, par la digitalisation partielle de la production signifiante religieuse ?
La communication numérique n’assure pas seulement en effet pour le religieux des fonctions de type instrumental, stratégique, missionnaire, « pastoral », etc. ; elle a surtout (ou aussi) une fonction constitutive, en étant un lieu de configuration, de figuration et reconfiguration du religieux. Le religieux traverse donc les espaces numériques, en les mobilisant et en provoquant la métamorphose et l’adaptation de ses formes tandis que les formes communicationnelles numériques deviennent des lieux d’incarnation et de visibilité des religions.
Contexte scientifique
L’analyse de la relation entre communication numérique et religions est désormais un domaine de recherche établi, soit le domaine des Digital Religion Studies (Campbell, 2017). Ce champ de recherche a travaillé, en plusieurs « vagues », précisément sur la relation entre internet et religions, en passant de l’étude de la « digitalisation des religions » à celui de la « contribution du digital au religieux » (Hoover, 2012, p. ix). En effet, « les Digital Religion Studies étudient les implications en ligne et hors ligne de la reformulation des pratiques religieuses existantes et des nouvelles expressions de spiritualité en ligne » (Campbell, 2017, p. 17, notre traduction). Cela signifie analyser les formes religieuses qui apparaissent en ligne comme les modifications et évolutions des formes religieuses préexistantes (e.g. les grandes traditions religieuses) sur internet.
Les recherches sur la relation entre numérique et religions ont débuté un peu plus tardivement dans la sphère francophone, notamment à partir de la fin des années 1990, concernant entre autres le christianisme et l’islam (avec notamment la notion d’ « oumma virtuelle »), mais aussi des cultes traditionnels afro-américains (Duteil Ogata et al., 2015). Après plusieurs articles et les ouvrages de Jean-François Mayer (2008) et Isabelle Jonveaux (2013), notamment, une série de numéros de revues et de volumes parus pendant les années 2010 (entre autres, Duteil Ogata et al., 2015 ; Douyère, 2015 ; Bratosin, Tudor, 2016), a manifesté une croissance de l’intérêt pour ces thèmes et un certain essor de ce domaine dans les sciences de l’information et de la communication.
De manière fondamentale, l’immixtion d’internet sur la scène religieuse, et de la scène religieuse sur internet, reposent des questions de champs et de frontières du religieux lui même. En effet, déjà depuis Mosco (2004), qui qualifie les mondes numériques de « digital sublime », les débats sur le statut du digital en termes métaphysiques pour les sociétés humaines a fait l’objet de nombreuses discussions. La question des articulations entre fonction du religieux et fonction du numérique apparaît à travers ce que d’aucuns appellent le religieux analogique (Servais, 2013). Pour informer ces articulations nouvelles, des ethnographies en ligne et hors lignes de groupes, phénomènes et dispositifs émergents sortent du cadre restreint des religions sans pour autant s’en distinguer clairement (voir les travaux rassemblés dans Liogier, Servais, 2016-2017). Ils invitent par l’empirie à re-problématiser à nouveaux frais la question religieuse et ses définitions multiples.
Les propositions d’articles pourront donc s’inscrire dans l’un (ou plusieurs) des axes suivants :
Les articles comprendront, outre un exposé de la méthodologie adoptée, du champ d’insertion scientifique et des contextes théoriques mobilisés, une présentation du corpus (sites web, applications, vidéos, séquences sonores…) ou du terrain étudié, ou de la proposition théorique et épistémologique effectuée, et une indication de la position du chercheur par rapport à l’objet ou à la confession étudiés, par souci d’intégrité scientifique. On accordera une importance particulière à la clarté de l’énonciation, notamment théorique et conceptuelle, à la précision des données (et aux modes d’acquisition de celles-ci) comme à la rigueur de leur traitement.
Modalités de réponse à l’appel à proposition d’articles
Les chercheurs et chercheuses intéressés sont invités à soumettre la version complète de leur article (maximum 30 000 signes) sur le site de la revue, au plus tard le 15 janvier 2020.
Les articles seront vérifiés par l’auteur pour garantir l’anonymat (voir rubrique « identification des auteurs dans le manuscrit » des consignes aux auteurs de la revue). Les directeurs du numéro évaluent l’adéquation de la proposition avec la thématique de l’appel et en cas d’acceptation de celle-ci, la soumettent à l’évaluation en « double-aveugle » par le comité de lecture de la revue. La réponse sera donnée au plus tard deux mois après la soumission.
Les articles soumis et acceptés pour publication dans ce dossier sont publiés un à un sur le site, au moment de leur achèvement, sans attendre que l”ensemble du dossier soit prêt à être publié.
Consignes de rédaction de l’article dans sa version finale : 30 000 signes maximum par article (espaces et références comprises, résumé et mots-clés non compris), si possible agrémentées d’illustrations (libres de droit). Les modalités de présentation complètes sont disponibles sur le site.
Les articles pourront être proposés en français ou en anglais.
Contacts
Andrea Catellani
COMU, Université catholique de Louvain
Ruelle de la lanterne magique, 14 bte L2.03.02
B-1348 Louvain-la-Neuve, Belgique
David Douyère
Prim, Université de Tours
29, rue du Pont-Volant, 37082 Tours cedex 2 (France).
Olivier Servais
IACS, Université catholique de Louvain
Place Montesquieu 1/L2.08.01
1348 Louvain-la-Neuve, Belgique
Références
Bratosin, S., Tudor, M. (Éd.) (2016). Religion(s), laïcité(s) et société(s) au tournant des humanités numériques, Actes du 3e colloque international Comsymbol, Montpellier, Iarsic-Essachess, Corhis. Les Arcs : éditions Iarsic.
Campbell, H. (2017). Surveying theoretical approaches within digital religion studies. New Media & Society, 19(1), 15-24.
Catellani, A. (2014). Prier en ligne à partir d’images : observations sémiotiques sur le site Notre Dame du Web. MEI, Médiation & information, 38, 101-112.
Catellani, A. (2013). Images électroniques pour la prière : sémiotique et archéologie du site Notre Dame du Web. Dans F. Lambert (Éd.), Prières et propagandes, études sur la prière dans les arènes publiques (pp. 331-346). Paris : Hermann.
Cheong, P. H. (2017). The vitality of new media and religion: Communicative perspectives, practices, and changing authority in spiritual organization. New Media & Society, 19(1), 25-33. Disponible à : https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/1461444816649913
Douyère, D., dir. (2015). Les religions au temps du numérique. tic & société, 9/1-2. Disponible à : http://ticetsociete.revues.org/1820.
Douyère, D. (2011). La prière assistée par ordinateur. Médium, 27, 140-154.
Duteil-Ogata, F., Jonveaux, I., dir. (à paraître). Pratiques religieuses sur internet. Reset, Recherches en sciences sociales sur internet, 9.
Duteil-Ogata, F., Jonveaux, I., Kuczynski, L., Nizard, S., dir. (2015). Le religieux sur internet. Paris : L’Harmattan.
Favret-Saada, J. (2017). Les sensibilités religieuses blessées : christianismes, blasphèmes et cinéma, 1965-1988. Paris : Fayard.
Geertz, C. (1993). Religion as a cultural system. The interpretation of cultures: selected essays (pp. 87-125). London: Fontana Press.
Gonzalez, P. (2015). Montrer « l’exorcisme » de Sarah Palin sur le web. tic & société, 9/1-2, http://journals.openedition.org/ticetsociete/1826.
Hoover S., (2012). Forward: practice, autonomy and authority in the digitally religious and digitally spiritual. Dans P. Cheong, P. Fisher-Nielsen, S. Gelfgren et al. (Éd.), Digital Religion, Social Media and Culture: Perspectives, Practices and Rituals (pp. 6-12). New York : Peter Lang.
Jonveaux, I. (2013). Dieu en ligne : expériences et pratiques religieuses sur internet. Paris : Bayard.
Mayer, J.-F. (2008). Internet et religion. Gollion : Infolio.
Mosco V. (2004). The Digital Sublime. Cambridge : MIT Press.
Servais, O. (2013). Louvain et l’analyse du religieux. De l’ethnologie missionnaire à l’anthropologie prospective du virtuel. Histoire, monde et cultures religieuses, 26/2, 95-108.
Servais, O., Liogier R. (Éd.) (2017). Les eschatologies techno-scientifiques (IIe partie) / Techno-scientific eschatologies (Part II), Social Compass, 64/1.
Servais, O., Liogier R. (Éd.) (2016). Les eschatologies techno-scientifiques (Ie partie)/Techno-scientific eschatologies (Part I), Social Compass, 62/3.
[1] Dans cet appel à contributions nous utiliserons les termes « numérique » et « digital » comme synonymes.
[2] Nous prenons l’expression « religions » au pluriel pour identifier des réalités sociales et culturelles variées qui constituent la mise en relation des humains avec un « ordre d’existence » fondamental spécifique (Geertz 1983) et qui tendent à organiser en tout ou en partie la structure sociale, politique, culturelle et économique de la vie humaine, en définissant des pratiques et des savoirs spécifiques.
Outras informações podem ser consultadas no <<<site da revista Recherches en Communication>>>.